En Sibérie l’Isba est le mode d’habitation dominant, celui que l’on retrouve depuis des siècles aussi bien du coté occidental qu’asiatique. Les bâtiments en bois d’habitation, extrêmement variés et originaux ont une valeur particulière dans le patrimoine historique et culturel. C’est notamment la construction en bois qui a reuni les traditions populaires et les procédés de l’architecture professionnelle. L’Isba traditionnelle n’avait pas d’étages et était construite sans utiliser un seul clou avec un empilement ingénieux de rondins de bois.
Le facteur climatique est omnipresent dans la vie quotidienne. Il l’est egalement dans le domaine de la construction. Les bâtiments en béton résistent mal aux mouvements de sols qui ont lieu au moment di dégel. Les maisons en bois sont capables de tenir des années, on les voit se pencher, se courber, se deformer dangereusement, mais le bois suit les fluctuations de terrain et tient bon. Tandis que la nature ronge la ville et que celle ci est incapable de se défendre l’Isba continue de se dresser fièrement et d’accueillir ses habitants.
L’Isba est une métaphore de la Russie contemporaine, une Russie à deux vitesses avec un pouvoir et les richesses centralisées à Moscou et Saint Petersbourg tandis que le peuple de Sibérie est laissé pour compte, seules les ressources naturelles sont exploités par les oligarques sans que personne ne se soucie de ses habitants. La Sibérie représente 80% de la surface de la Russie mais seulement 27% de sa population. Les Sibériens sont fiers de leurs differences et leur habitat est un moyen supplémentaire de se différencier des Russes occidentaux.
Avec ces photographies je cherche à dépasser le simple archivage, elles ne sont pas datées ni géolocalisées, elles font parties d’un tout, il n’y a pas d’ambition de faire l’inventaire d’un monde en train de disparaitre mais plutôt de témoigner sur l’existence actuelle et pérenne d’une culture.
« Le maître doit faire honneur à sa maison, et non la maison au maître. » Ciceron.
